Blanche Berrut (2ème à g.), Noémie Berrut (3ème à g.), Sylvain Berrut (à droite), devant, René et Blanchette Berrut, Le Vésinet 1909. |
1. La prise en charge de l’hôtel par René Berrut
René Berrut se lance à son tour dans l’hôtellerie. Après s’être formé dans les différents services de grands hôtels (à Paris, à l’Hôtel de Crillon, au restaurant du Waldorf Astoria à New York,…), il s’associe à son oncle Edmond en 1928. René est alors âgé de vingt-trois ans, et son oncle, de vingt ans son aîné, possède toute l’expérience qui lui manque.
Commencent alors de grands travaux d’agrandissement : l’immeuble du 15 est démoli puis reconstruit, l’ensemble de l’hôtel est rehaussé, et en 1930 le Bedford devient un hôtel quatre étoiles de huit étages avec une capacité de cent cinquante chambres.
2. Le désastre causé par la crise économique
La conjoncture vient malheureusement contredire les prévisions des deux hôteliers.
La chute de Wall Street provoque une crise économique qui s’étend à toute l’Europe. Le tourisme est l’un des secteurs les plus touchés, et l’hôtel, déserté de ses clients, doit fermer cinq étages pendant dix-huit mois et réduire son personnel à son strict minimum. René, encore jeune, est confronté à de rudes épreuves qui sont certes formatrices, mais qui le plongent dès ses débuts dans une réalité bien peu favorable. Sans sa persévérance et celle de son oncle, l’Hôtel Bedford n’aurait pas résisté à ces années terriblement difficiles.
3. La seconde guerre mondiale
En 1937, René Berrut épouse Evelyn Grace Jackson, de nationalité anglaise. Ils auront quatre enfants : Jean (1938), Guy (1943), Gérard (1945) et Sylvie (1947), qui grandiront à l’Hôtel Bedford.
1937 est aussi l’année de l’Exposition Universelle qui favorise la reprise économique. L’activité de l’hôtel s’améliore enfin et connaît une croissance positive jusqu’au premier semestre 1939.
Mais dès septembre, la déclaration de la Seconde Guerre mondiale vient bouleverser le pays. La France est divisée en deux, une zone libre au Sud, une zone occupée au Nord. A partir de juin 1940, les Allemands entrent dans la capitale. L’Hôtel Bedford est réquisitionné par la Luftwaffe. Fait prisonnier dans l’Yonne, René est rapatrié à Paris par les Allemands, étant le seul à connaître parfaitement le fonctionnement de l’hôtel et à pouvoir faire face aux différents problèmes techniques. René et sa famille sont cantonnés dans deux petites chambres. Prisonnier dans son hôtel, il doit chaque jour pointer à la Commandantur, place de l’Opéra, et présenter un laissez-passer.
En août 1944, à la Libération de Paris, les Allemands quittent le Bedford qu’ils laissent dans un état très dégradé. Beaucoup de mobilier a été détérioré et pratiquement toutes les moquettes déchirées. Pour leurs besoins alimentaires, ils gardaient des cochons au dernier étage. Dans les sous-sols, ils avaient entreposé quantité d’armes et de munitions. A plusieurs reprises, René était parvenu à échapper à leur vigilance pour leur dérober un peu de charbon dont ils avaient d’importantes réserves.
Le Bedford est ensuite occupé par l’armée britannique pendant trois ans, jusqu’au 15 juillet 1947.
4. Le redressement de l’hôtel
Dès le 1er août, l’hôtel ouvre avec dix clients. Edmond, qui avait quitté Paris pendant l’Occupation allemande, revient aux côtés de son neveu. La remise en état et la modernisation de l’hôtel nécessitent beaucoup de travail.
Finalement, les difficultés des années 1930 et la guerre laissent place à des années au climat plus serein.
L’Hôtel de l’Arcade, merveilleusement situé aux 7-9, rue de l’Arcade, est alors à l’état d’abandon. René y entreprend de gros travaux de rénovation qu’il achève en 1960.
L’hôtel qui comptait initialement cinquante-huit chambres n’en a plus que quarante-sept les travaux terminés. Il est alors classé trois étoiles. Affaibli par des problèmes de santé, Edmond Berrut décède en 1954 et lègue ses parts à son épouse Marguerite.
Jean et Gérard se sont formés aux métiers de l’hôtellerie et ont rejoint leur père à la direction des deux hôtels.